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LE SOURIRE D’AVERROÈS
26 septembre 2006

Interview de Pierre Debauche

PIERRE DEBAUCHE
auteur et metteur en scène de la pièce  «LE SOURIRE D’AVERROES»

Comment est née l’idée ? :
A partir de la suggestion de Mohamed Kouka (Directeur de la Culture auprès de la ville de Tunis) d’écrire un spectacle inspiré du « Phédon » et du « Banquet ».  Mohamed souhaitait retracer certaines urgences contemporaines depuis Platon.

Ensuite, j’ai rencontré « Le discours décisif » d’Averroès. Et j’ai été très séduit par cette frontière entre la foi et la raison.

Puis, à Agen, nous avions écrit (Robert Angebaud) et mis en scène un spectacle sur René Descartes.
Il m’apparaît que ces trois fondateurs de la pensée avaient été poursuivis, exilés et, pour l’un deux, mis à mort. Quels destins ! Quelle est cette terrible loi du pouvoir qui doit arrêter les plus intelligents, les interdire et interdire leurs œuvres ?

Mais rencontrera-t-on dans cette pièce d’autres philosophes ? :
Oui, on va croiser Maïmonide, Spinoza, Gilles Deleuze, etc…

Pourquoi cette fixation sur le XIIe siècle ? :
Je pense qu’avec un peu de respect mutuel, on pourrait résoudre la plupart des conflits.
On parle des « vendanges tardives ». J’ai voulu écrire une gratitude tardive envers Averroès qui nous a rendu Aristote, et à ce XIIe siècle arabe qui nous a tout apporté, les chiffres, le 0, la philosophie, l’astronomie, la médecine, le droit…

J’en ai assez de ne pas reconnaître notre dette du douzième siècle.
Comment ce royaume qui allait de Bagdad à Cordoue nous a apporté l’intelligence des chiffres, des étoiles et des âmes.

Que fait là cette troupe d’acteurs ?
Ils sont venus pour la Saint Jean jouer dans le château voisin. Comme nos trois philosophes sont venus faire une enquête sur l’âme en 2006, ils se servent parfois des acteurs pour exprimer ce qu’ils ressentent.

Comment ont-ils fait pour revenir sur terre, les 3 philosophes ? :
Je sais seulement qu’ils arrivent dans une charrette tirée par un âne et conduite par la Mort.
J’avais inventé cette image avant d’apprendre qu’Averroès fut enterré sur un âne bâté à Marrakech : à gauche, le corps du philosophe, à droite, ses livres retrouvés alors que le pouvoir avait cru les avoir brûlés tous.

Et qui est cette petite fille qu’ils rencontrent en arrivant sur scène ? :
C’est une gamine de 10 ans, Sophie, qui nous donne cette naïveté obligatoire capable de visiter sans fausse note le labyrinthe de nos contradictions. Elle sert d’intermédiaire avec le public.

En dernière analyse, pourquoi avoir écrit cette pièce ? :
Le Théâtre du Jour est situé dans un quartier d’Agen dont la moitié des commerçants sont marocains.
J’ai souhaité que cette marque de respect les touche et qu’ils y trouvent les raisons historiques qui fondent cette dignité qui leur est naturelle.

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